Le quai

Alors j'me suis tenu là,
Vaguement debout,
Vaguement à genoux,
Le regard délavé dans le roulis,
Une tempête gonflait dans le haut de mon crâne,
Ma tête ployait sous le poids du vide,
Mes idées se précipitaient de la falaise,
Procession de fœtus morts nés,
J'avortais tous mes rêves insensés,

J'ai lâché le scalpel pour la pelle,
Nos petites morts enterrées une à une,
Je visite leur cimetière chaque soir,
Dans mon lit glacé et trop grand,
Cette steppe de Sibérie,
Où ton absence hurle sans fin,
Le blizzard fait place à cette absence,
Dans la moiteur de ma turne enfumée,

Je t'ai vu t'évanouir dans la foule solitaire,
Celle qui grise fonce vers de nouveaux trous noirs,
Mes mots sont tombés de mes pognes sans pouvoir,
Écrasés au sol,
Ils ont formé cette flaque de néant,
Porte ouverte sur notre passé radieux et maudit,

Sans pouvoir les retenir,
J'ai laissé à la puanteur du couloir sans vent,
Nos fous rires,
Nos hurlements,
Ceux de douleur,
Ceux de plaisir,
Ceux qui sans fin résonnent en complainte,
Même au fond de mes pires beuveries,
J'entends encore chanter le tissu qui glisse doucement.

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