Noctambule

Quelques rimes nocturnes posées sur une instru
Instru : TAGADA GREEN - ( El Renardo x Nid Prod )



Le quai

Alors j'me suis tenu là,
Vaguement debout,
Vaguement à genoux,
Le regard délavé dans le roulis,
Une tempête gonflait dans le haut de mon crâne,
Ma tête ployait sous le poids du vide,
Mes idées se précipitaient de la falaise,
Procession de fœtus morts nés,
J'avortais tous mes rêves insensés,

J'ai lâché le scalpel pour la pelle,
Nos petites morts enterrées une à une,
Je visite leur cimetière chaque soir,
Dans mon lit glacé et trop grand,
Cette steppe de Sibérie,
Où ton absence hurle sans fin,
Le blizzard fait place à cette absence,
Dans la moiteur de ma turne enfumée,

Je t'ai vu t'évanouir dans la foule solitaire,
Celle qui grise fonce vers de nouveaux trous noirs,
Mes mots sont tombés de mes pognes sans pouvoir,
Écrasés au sol,
Ils ont formé cette flaque de néant,
Porte ouverte sur notre passé radieux et maudit,

Sans pouvoir les retenir,
J'ai laissé à la puanteur du couloir sans vent,
Nos fous rires,
Nos hurlements,
Ceux de douleur,
Ceux de plaisir,
Ceux qui sans fin résonnent en complainte,
Même au fond de mes pires beuveries,
J'entends encore chanter le tissu qui glisse doucement.

Un corps en V

Un corps en V ardent
Lové le mors aux dents
Cervelle en vrac
Vie vaporeuse
Envoie volutes, volutes
Sale toux en approche
L'atout en poche
King aux émotifs anonymes
Perdu dans l'ring de ses rimes
Voie voler vénéneuses valkyries
Valseuses valeureuses
Des valises aux yeux
Comme autant de nuages de fumée
Voyage intérieur au creux de toi
Souvent j'en ris
Des fois j'écris
Rêve de vaillantes voraces
Des fois j'écris
J'vomis ma vaine voix en vers
Un verre, cent verres pour mon foie
Ces fois où les veines font caniveau
La foi vautrée dans l'fond du cerveau.


En sommeil

Ecoute écoute,
Le bruit de mon cœur marque tes pas
A chaque battement tes talons sur l'asphalte
Mon palpitant fébrile saute s'emballe
Mes mirettes tâtent le tissu frémissant
Elles s'éprennent de tes tendres joues
Coussins de peau rose ou hâlée
Je vois s'allonger lascivement
Mes lèvres brûlantes sur ton épiderme
Elles s'étendent flamboyantes de désir

Toi ma belle allumette,
Toi ma pyromane
J'ai dans le regard l'incendie de ton corps
Pourtant je me tais
Pourtant je sais
Je sais que tu ne verras dame
Que la fausse froideur de mon âme
Quel pire drame
Que ce silence de mille tonnes
Étouffe mes plaintes
Mes sentiments hurlants
Je suis l'eau qui dort
Le torrent endormi
Comprend les vagues signaux de mes effluves
Il y a sous mon mutisme la peur d'aimer de nouveau.

Adulte

Un beau jour j'arrêterai d'boire
D'croire aux histoires sans fin
D'cultiver l'espoir sans lendemain
Un beau jour j'arrêterai
L'camembert sans pain
La barbaque sans faim
Le hamac sans fin.