Train


Chaque fois que je m’assois, je me dis : elle va poser son fessier charmant à côté de moi.
J’aurai quelque chose de spirituel à dire, une réflexion à la fois drôle et profonde.

En plus d’être ravissante, elle aura de l’esprit. Et tout s’enclenchera naturellement, le numéro de séduction, l’inévitable numéro de téléphone jusqu'au numéro de cirque. On partira ensemble, le lit comme terrain de jeu pour des galipettes endiablées avec cet ange sorti des cieux de la SNCF.
J’aurai une pensée émue pour mon papy cheminot. Car pour sûr, cette fille est un signe d’espoir que l’ancien tant admiré m’envoie.

Et là, un certain Bernard, un quelconque Jean-Pierre, trempé de sueur et de suffisance, le ventre débordant de sa chemise, un de ces vieux cadres apathiques sur le retour posera son volumineux séant à côté de moi.
Je lui dirai sûrement bonsoir, et il écrasera de ses 100 kilos mon fantasme.
Je sentirai tout le poids de ses remords oubliés, et il s’affalera ainsi, sans classe aucune. Je regarderai son minois déconfit, sa mâchoire pleine de dents de vieux loup souffreteux. Il me volera  l'accoudoir en me regardant avec condescendance, comme pour dire : j’incarne ta déception, j’ai l’affreuse trogne de la réalité.

Dans ces instants minables, mieux vaut sourire.
Et qui sait, c’était peut-être la dernière des connasses ?

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