Les sabliers brisés par milliers, des grains bouillants dans nos iris saignants. Comme des pans de vie paumés, laissés au néant.
A trop attendre, j'avais fini par m'enraciner. J'me suis vu de haut, je dévorais le fumier servi sur des plateaux d'argent par des faux culs en costards. Les pattes dans la merde, et j'm'y sentais bien. J'avais même arrêté de beugler. Même si y'avait plus grand chose pour titiller ma boite crânienne, j'étais encore traversé par deux ou trois sourires vicelards.
Faut pas s'y tromper : le sarcasme c'est pas de l'intelligence, même si ça y ressemble un peu.
Le sarcasme c'est l'arme des vaincus, le poison de ceux qui ont peur de leur ombre.
Il y a d'la vie dans l'mouvement, et la pinte s'était arrêtée d'bouger.
Et quand bien même ! Le lever de coude comptera pas le jour où lui là-haut va dresser le bilan.
Y'a qu'une prison, et elle est dans ta tronche. La même tronche baveuse qui finit sur la cuvette un peu trop souvent.
Et si t'es plus malade, c'est peut être que tu tiens beaucoup trop bien.
Et si le quotidien a arrêté de te révolter, c'est que l'endurance à l'inadmissible pousse avec les rides.
Il paraît que ça fera de nous des hommes. Picoler, mépriser les nénettes, écraser son concurrent, c'est ça être un mec ? Non, non.
J'dirai à mon fils, celui que j'aurai jamais : ne crois jamais que tu dois leur ressembler. Tu n'as besoin que de toi même, déverse toi dans une femme, une femme que tu aimeras. Une femme qui saura qui tu es. Et le jour où elle te montrera son fessier une dernière fois, le jour où elle prendra ton cœur pour en faire des papillotes, souviens-toi que ta souffrance aussi est belle.